SAMUEL ROZENBAUM EST UN ÊTRE TENTACULAIRE
Samuel Rozenbaum est un être tentaculaire. Il commence par tout absorber : les livres, les films, les anecdotes, les histoires, les fonctionnements. Et au-delà de tout, il absorbe la musique. Qu’elle soit populaire ou savante, d’aujourd’hui ou d’avant-hier, peu importe. Il dit souvent avoir un juke-box dans la tête, une machine qui se déclenche continuellement sur un mot, une ambiance, une situation. Affamé insatiable, il n’est pas rare de le voir saisir son carnet lorsque vous venez de citer un auteur, un disque ou un photographe. Vous n’avez pas terminé votre phrase qu’il a déjà répertorié pour lire, écouter, voir plus tard. Il juge rarement, il absorbe.
Samuel note tout, garde tout, et est capable de vous citer les dates exactes des moindres événements vécus ensemble. Il stocke, trie, classe, reclasse et déclasse. Mais ce n’est pas un compulsif de l’inutile : tout ça n’est pas la finalité, c’est la nourriture. Le carburant. La matière.
Puis arrive le moment créatif, un peu plus loin ou en même temps, allez savoir. Et évidemment, une idée chez lui n’arrive jamais isolée. Elle donne naissance à des ramifications spectaculaires, d’autres idées qui complètent, s’imbriquent, poursuivent. Samuel aime autant le paysage que le détail. Il n’a pas peur de changer d’avis ni de consulter d’autres opinions. Et des autres, il en connaît énormément. Il a travaillé pour de nombreux artistes, avec de nombreuses personnes, sur de nombreux projets. Disques ou films, clips ou évènements, il maîtrise l’ombre et la lumière, des coulisses à la performance. Il écrit, il régit, il compose, il dirige, propose, organise, il chante, il photographie. Bref, Samuel est un être tentaculaire.
Il lui aura fallu six ans pour construite son projet multidisciplinaire, une combinaison de presque tout ce qu’il aime faire et dont la vue d’ensemble se découvrira peu à peu. Samuel l’a voulu ainsi, telle une fresque dont on cueille les pans au fil du temps. Des expositions, des livres, des chansons, des clips et des performances.
La bande song est la partie photographique de ce grand ouvrage. Des images sur pause glanées à travers les trains, les bus et les pays. Elles marchent par trois en se tenant une intime main, celle du rapport des unes aux autres évidemment, celle du rapport de Samuel aux autres profondément. Il y a là-dedans son besoin capital d’être entouré et solitaire à la fois.
Et parce que les chansons ont guidé son trajet depuis toujours, Samuel a composé une bande-son pour accompagner ses triptyques. Si vous lui en parlez, il répond qu’il a le sentiment de rembourser un dû. De devoir tracer à son tour des chemins pour que quelqu’un, quelque part, les emprunte à son tour. Les empreints qui empruntent, ça s’appelle la transmission.
Ces six années vont donc offrir leurs fruits au public au fil des mois. Une entreprise abondante que Samuel vit comme une marche habituelle. Importante, certes, mais habituelle. Nous ne sommes qu’humains, Samuel Rozenbaum est un être tentaculaire.